Égypte ancienne : comment les anciens Égyptiens transformaient un corps en momie en 70 jours (ou moins) ?

Pendant des millénaires, les embaumeurs de l’Égypte ancienne ont conjugué savoir médical et rituels religieux pour unir l’âme au corps après la mort.

Pourquoi momifier ?

La momification n’était pas simplement un acte physique : c’était un rite sacré visant à permettre à l’âme (le ka, le ba) de reconnaître et réintégrer son corps dans l’au-delà. Inspirée du mythe d’Osiris, cette pratique garantissait la renaissance dans l’autre monde à condition que le corps soit conservé intact.

De plus, le climat sec de l’Égypte facilitait naturellement la préservation des corps dans le désert. Mais lorsque les Égyptiens commencèrent à enterrer les défunts dans des cercueils, de nouvelles méthodes de conservation furent nécessaires.

Une vision spirituelle de la mort

Les Égyptiens croyaient que la mort séparait temporairement les éléments de l’être humain : le nom, l’ombre, le corps, mais aussi le ka (énergie vitale), le ankh (souffle de vie) et le ba (personnalité). La momification servait à réunir ces éléments pour garantir la vie éternelle.

Du privilège royal à la pratique populaire

Au début, seuls les pharaons et la noblesse bénéficiaient de la momification. Mais avec le temps, cette pratique s’est étendue au peuple. Cela a engendré une véritable industrie funéraire, où la qualité des soins variait selon les moyens financiers de la famille.

Les grandes étapes de la momification

  1. Durée : Le processus durait environ 70 jours, bien que certaines momifications aient pris bien plus de temps.

  2. Purification : Trois jours après la mort, le corps était lavé dans une tente appelée ibw.

  3. Extraction du cerveau : Le cerveau était liquéfié et évacué par les narines à l’aide d’un crochet.

  4. Retrait des organes : Le foie, les intestins, l’estomac et les poumons étaient enlevés, mais le cœur était conservé.

  5. Déshydratation : Le corps était recouvert de natron pendant 40 jours pour éliminer l’humidité.

  6. Embaumement : On oignait le corps d’huiles parfumées, de résines et d’épices comme la myrrhe ou la cannelle.

  7. Emballage : Le corps était ensuite enveloppé de bandelettes de lin, dans lesquelles on plaçait des amulettes et des papyrus.

  8. Inhumation : Recouvert d’un masque funéraire, le défunt était placé dans un cercueil richement décoré puis conduit dans sa tombe lors d’une procession.

Les spécialistes du rituel

La momification faisait appel à plusieurs experts : le maître des secrets (hery sesheta), portant le masque d’Anubis, les prêtres lecteurs, et les inciseurs, chargés d’ouvrir le corps. Tous suivaient des textes précis comme le Livre des Morts, récitant des prières à chaque étape.

Une cérémonie de passage

Chaque phase du rituel était accompagnée d’incantations destinées à protéger le défunt. Une fois la momie prête, elle était déposée dans sa « maison d’éternité », là où l’âme pouvait retrouver le corps et entamer sa nouvelle existence.

Le site de Deir el-Bahari est un complexe funéraire, composé de temples et de tombes, situé sur la rive gauche du Nil face à la ville de Louxor et des temples de Karnak.

Conservées par l'aridité du désert, les momies prédynastiques de Gebelein dateraient de 3 500 avant J.-C. Cette momie est conservée au British Museum, à Londres.

Pendant les périodes grecque et romaine, certains animaux étaient considérés comme sacrés et associés aux divinités. Ils étaient donc momifiés, comme ce babouin trouvé dans les catacombes de Tounah el-Gebel, associé au dieu de l'écriture.

Au premier millénaire avant Jésus-Christ, les embaumeurs couvraient les incisions faites pour retirer les organes avec des plats en or, comme celui-ci trouvé sur la momie du pharaon de la 21e dynastie, Psousennès Ier.

Momie de Ramsès II, Musée égyptien du Caire.

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