Et si, comme dans l'Égypte antique, les femmes régnaient sur le monde ?

En période d’instabilité et de crise, les anciens Égyptiens plaçaient souvent leur confiance dans les femmes pour diriger le pays. Selon l’égyptologue Kara Cooney, les femmes assumaient le pouvoir pour préserver la stabilité de l’Égypte, représentant une solution de continuité plutôt qu’une menace à l’ordre patriarcal.

Les femmes au pouvoir en temps de crise

Contrairement à d’autres civilisations anciennes constamment exposées aux invasions, l’Égypte bénéficiait d’une géographie protectrice : mers et déserts formaient des frontières naturelles. Cela a favorisé un climat de stabilité qui a permis aux femmes de gouverner, surtout dans les moments de vide politique ou lorsque l’héritier légitime était encore un enfant.

Dans ces contextes, les femmes – mères, tantes ou sœurs – jouaient un rôle de gardiennes du trône plutôt que de prétendantes. Elles ne voyaient pas l’enfant-roi comme un obstacle, mais comme une responsabilité à protéger. Cette approche a été utilisée à maintes reprises dans l’histoire égyptienne.

Des reines emblématiques

  • Merneith, épouse du roi Ouadji (1re dynastie), prit le pouvoir pour garantir à son jeune fils l’accession au trône, empêchant d’autres membres masculins de la famille de s’en emparer.

  • Néférousobek, faute de successeur masculin clair à la fin de la 12e dynastie, régna en tant que pharaonne, assurant la transition jusqu’à ce qu’un héritier soit prêt.

  • Hatchepsout, l’une des plus grandes souveraines de l’histoire, régna pendant plus de vingt ans à l’époque de la 18e dynastie. Sous son règne, l’Égypte connut paix, prospérité et développement.

  • Néfertiti, épouse du roi Akhenaton, joua un rôle central dans l’imposition du nouveau culte religieux. À sa mort, c’est elle qui, probablement, tenta de réparer les divisions provoquées par son règne.

  • Taousert, dans la 19e dynastie, devint régente d’un enfant qui n’était pas le sien, puis gouverna seule. Mais un chef militaire finit par prendre le pouvoir de force.

  • Enfin, Cléopâtre, dernière grande souveraine de l’Égypte ancienne, élimina ses frères et sœurs pour consolider sa position. Contrairement à son allié Marc Antoine, elle fit preuve de stratégie en évitant certaines guerres inutiles et en privilégiant la stabilité de son royaume.

Des reines pour préserver l’ordre, pas le bouleverser

Des études modernes montrent que les femmes ont un fonctionnement cérébral différent de celui des hommes. Elles sont généralement moins enclines à la violence, plus sensibles aux émotions et plus aptes à écouter. Ces qualités ont peut-être joué un rôle dans leur choix comme dirigeantes en temps de crise.

Les reines de l’Égypte ancienne nous rappellent aujourd’hui que les femmes peuvent être de grandes dirigeantes. Mais au lieu de les placer au pouvoir comme simples gardiennes d’un système masculin, pourquoi ne pas leur permettre d’y accéder avec leur propre programme, leurs priorités, leur vision ?

Et si les émotions – longtemps considérées comme une faiblesse féminine – devenaient des outils de communication, de compromis, de paix ? Peut-être sont-elles justement ce dont l’humanité a besoin pour affronter les défis du XXIe siècle.

Il est temps de laisser l’histoire nous inspirer et de donner aux femmes le pouvoir… cette fois, selon leurs propres conditions.

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