Principales contributions des dynasties au Caire islamique

Il est très intéressant de découvrir les contributions des principales dynasties islamiques qui ont gouverné Le Caire, car cette ville (et ses alentours) a connu son plus grand développement depuis la conquête arabe. Depuis l’arrivée des Arabes en Égypte en 639 (17 de l’Hégire), plusieurs dynasties musulmanes se sont succédé. Pour le visiteur non averti, l’art et l’architecture peuvent sembler similaires, mais en creusant un peu, on découvre des différences notables entre chaque période.

1. Les premières contributions (perdues) : les Omeyyades et les Abbassides

Les premières dynasties à avoir laissé une empreinte dans la fondation du Caire furent les Omeyyades et les Abbassides. Les Omeyyades, dont la capitale était Damas, fondèrent al-Fustat, un camp militaire considéré comme l’origine du Caire moderne… dont il ne reste rien aujourd’hui. Les Abbassides, qui leur succédèrent, déplacèrent la capitale du califat à Bagdad et développèrent la colonie de Fustat jusqu’à en faire un centre permanent.

2. Les Toulounides : les premiers souverains indépendants d’Égypte

La dynastie toulounide succéda aux Abbassides en Égypte. Bien que leur règne ait été court et moins connu, il est essentiel pour deux raisons : premièrement, les Toulounides déclarèrent leur indépendance vis-à-vis du califat abbasside ; deuxièmement, c’est à cette époque qu’a été construite la plus ancienne mosquée du Caire, au IXe siècle, la mosquée Ibn Touloun, fondée par Ahmad Ibn Touloun. Son style est sobre mais puissant, avec des arcs simples, des coupoles caractéristiques, et surtout un minaret en spirale, inspiré de celui de la grande mosquée de Samarra en Irak.

3. Les Fatimides : des chiites fondateurs de la ville

Une période clé pour Le Caire débute au Xe siècle avec l’arrivée des Fatimides, une dynastie chiite. Ce sont eux qui donnèrent à la ville son nom actuel, “al-Qahira” (“la Victorieuse”), et qui en firent un centre royal, militaire et administratif. Ce califat, très influent, rivalisait avec celui des Abbassides à Bagdad et celui des Omeyyades de Cordoue.
Leur contribution majeure est sans doute la mosquée Al-Azhar, bien que très modifiée au fil des siècles. Le seul élément restant d’origine est la cour à arcades aux arcs en ogive. En revanche, la mosquée Al-Hakim est un exemple remarquable de leur héritage, avec les plus anciens minarets du Caire, massifs, en brique et autoportants.

4. Les Ayyoubides : l’héritage de Saladin

Après le déclin des Fatimides dans un climat d’instabilité, les Ayyoubides restaurèrent l’ordre. Le plus célèbre d’entre eux est Saladin, chef militaire d’origine kurde. Leur règne fut bref (environ 80 ans entre le XIIe et le XIIIe siècle), mais leur apport fut décisif, notamment avec la construction de la Citadelle, sur les collines du Mokattam. Ce chef-d’œuvre d’architecture défensive fut conçu pour protéger la ville contre les Croisés.

5. Les Mamelouks : une caste militaire qui a embelli la ville

À partir du milieu du XIIIe siècle, les Mamelouks, issus d’une caste militaire, prirent le pouvoir. Ils sont à l’origine d’un développement architectural intense au Caire, aussi bien dans le domaine religieux que civil. Parmi leurs réalisations majeures : les écoles coraniques (madrasas) du sultan al-Nasir Muhammad et de Qaytbay, connues pour leur raffinement, ainsi que la création du bazar de Khan el-Khalili, toujours actif depuis le XIVe siècle, qui incarne le Caire dans toute sa splendeur.

les écoles coraniques (madrasas) du sultan al-Nasir Muhammad

6. Les Ottomans : en retrait mais influents

Après la conquête ottomane de 1516, l’Égypte devint une province de l’Empire ottoman, perdant son autonomie. Toutefois, l’influence ottomane se manifesta dans l’architecture, notamment à travers les minarets fins et élancés, caractéristiques du style turc. L’un des monuments les plus emblématiques de cette période est la mosquée de Mohammed Ali, également appelée la mosquée d’Albâtre, construite au XIXe siècle dans la Citadelle, sous le règne de Mohammed Ali Pacha.

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