Bien que Tanis ne jouisse pas de la renommée des autres sites archéologiques d’Égypte, elle recèle des trésors royaux exceptionnels qui rivalisent, voire dépassent, ceux de Toutankhamon. Connue dans l’Antiquité sous le nom de Djanet et mentionnée dans la Bible comme Zoan, la ville porte aujourd’hui le nom de San el-Hagar et se situe dans le nord-est du delta du Nil, près du Caire.
Tanis fut un important centre économique et la capitale des 21e et 22e dynasties pendant la Troisième Période Intermédiaire, une ère de faiblesse du pouvoir central. Grâce à sa position stratégique, elle prospéra longtemps, avant que le cours du Nil ne change, entraînant son déclin. Abandonnée, elle se transforma en une plaine boueuse oubliée par l’histoire.
Malgré les nombreuses tentatives pour localiser la cité antique, sa position exacte resta inconnue pendant des siècles, comme l’explique Salima Ikram, professeure d’égyptologie à l’Université américaine du Caire.
Ce n’est qu’en 1939, après plus de dix ans de fouilles, que l’archéologue français Pierre Montet ramena Tanis à la lumière. Il mit au jour des tombeaux royaux intacts, un événement rare et exceptionnel en archéologie.
Les sépultures contenaient des richesses incroyables : des masques en or, des sarcophages en argent, des bijoux raffinés, des statues et des objets rituels. L’une des tombes appartenait à un roi inconnu, Sheshonq II, dont les bijoux avaient appartenu à Sheshonq Ier, un pharaon mentionné dans la Bible.
Selon l’égyptologue David Silverman, cette découverte démontre l’importance des pharaons de Tanis à cette époque.
Outre les tombes, les fouilles ont révélé des temples dédiés à Amon et à Horus, ainsi que le tracé urbain de la ville antique. Tanis reste aujourd’hui un site actif, exploré par des archéologues en quête de nouvelles découvertes.
Mais pourquoi cette cité, si riche, est-elle restée dans l’ombre pendant si longtemps ?
« Il fallait une détermination hors du commun », explique Silverman. Pierre Montet a travaillé sans relâche pour exhumer une cité évoquée dans la Bible mais que le monde avait oubliée.
Malheureusement, l’annonce de cette découverte fut totalement éclipsée par le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Les trésors de Tanis, bien qu’exposés aujourd’hui au musée du Caire, attirent beaucoup moins de visiteurs que ceux de Toutankhamon.
« Si la guerre n’avait pas éclaté à ce moment-là, les tombeaux royaux de Tanis seraient aussi célèbres – voire plus – que celui de Toutankhamon. »
